Formation Yin Yoga 50H à la Réunion
- terrehappyyoga
- 1 juin
- 4 min de lecture
Journal de bord d'une semaine de formation par Serge Bouchet

Une terrasse en bois, nichée dans un écran de verdure, nous accueille pour cette formation intensive de huit jours. Les journées immersives se tiennent, selon un planning très soutenu, de 9h à 17h.
Onze personnes sont inscrites pour cette formation diplômante, au Bernica.
Et c’est la première rencontre, mêlant curiosité et impatience pour les dix participantes qui ne se connaissent pas et moi-même. Mais, très rapidement le contact est établi entre nous, une synergie se dessine, nous devenons un groupe uni.
La première journée fut consacrée à l’énergétique et aux méridiens selon la médecine chinoise. La présentation de Lucas Manganelli, praticien diplômé en médecine traditionnelle chinoise, repose sur une approche simple et accessible. Accompagnée d’un livret réunissant des planches sur les points et les méridiens, l’intervention construit progressivement les connaissances, du plus élémentaire au plus complexe, sur les grands principes de la circulation de l’énergie. Sont abordés les grands fondements du yin et du yang, et de leur régulation. La fonction des méridiens et les liens entre méridiens, organes, yin et yang, « les méridiens sont comme des rivières, et les points comme des puits… ». Puis est détaillé le rapport de ces derniers avec les saisons, les éléments, les émotions. Nous avons un aperçu très éclairant de « la voie » (le dào), à suivre sans aller à contre-courant, pour préserver sa vitalité, et sa santé. Cet enseignement nous conduit vers le Yin Yoga, car, ainsi qu’annoncé par Lucas Manganelli, « là où l’esprit va, l’énergie va ». Et c’est précisément ainsi que nous entrerons dans les postures, guidant par l’esprit et le souffle notre énergie vers les points sensibles de notre corps. L’explication théorique sur l’importance de « la concentration pour se détendre, sans tension de l’esprit », se retrouvait dans la pratique lors des postures tenues de façon prolongée, entre trois et cinq minutes. Au début des tensions, puis, avec la durée, un relâchement des muscles, des organes en tension, et de notre esprit qui, guidé par la voix de Fabienne Menjucq se laisse aller progressivement à la détente. Ainsi que l’a résumé Sandra, au début d’une posture c’est difficile et engageant – surtout pour celles qui étaient atteintes par le chikungunya -, puis on souhaite que cela s’arrête, et enfin, quand Fabienne annonce que l’on peut délier la posture pour un temps de rebond, c’est le regret de quitter la figure, ou, comme le dit notre formatrice, la forme dans laquelle on s’était fondu.

Ainsi, les séances, s’ouvrent par une pratique de Yoga Nidra plongeant dans un monde de perceptions décalées et se poursuivent par la pratique du yin yoga. C’est la formation enseignée par la pratique. Et d’emblée elle nous réserve des surprises. Personnellement, je ne considère pas le matin comme un moment favorable pour les exercices demandant souplesse et étirement, j’ai besoin du corps échauffé de l’après-midi. Mais lors de cette formation, nous commencions dès 9h du matin. Nous nous installons pour effectuer une première posture. La voix de Fabienne nous guide. Elle nous installe dans « la forme », et l’on reste ainsi, on tient cette posture. Encore et encore. Seuls les mots, parcimonieux, choisis, ponctués de longs silences, occupent le temps et notre esprit.
Durant ce temps si étiré, le corps progressivement se pose, s’allonge et se tend, rejoint le sol et se dépose. Il est comme attiré vers le sol, aspiré. La terre est yin, nous est-il précisé. Nulle traction, nul effort volontaire, la durée et la pesanteur agissent, naturellement, comme guidés par le souffle et la voix. Plus rien ne bouge. Les bruits autour de la varangue sont là, oiseaux, voix, stridences de la ville, mais nous sommes comme dans de la ouate, ils sont là et non là. Entendre et non entendre. Bruit détaché. Seule la voix occupe notre non agir.
Vient à nouveau le moment d’abandonner la position pour une contre-posture. La détente est complète, accompagnée de la sensation de s’enfoncer dans le sol.
Postures et rebonds s’enchaînent jusqu’à la fin de la séance de pratique et c’est la surprise lorsque nous constatons que plus de deux heures sont passées, mais nous ne l’avons pas perçu. Vient alors la séquence d’enseignement, chacune est construite à partir des différents chakras abordés successivement, jour après jour. Ainsi, le lien est-il fait entre enchaînement des postures, chakras et méridiens. Les postures initiales préparent à l’enseignement : en restant dans la forme, le mental se détache, ainsi rentre-t-on dans le yin pour recevoir la connaissance. L’immobilité et le non-agir sont de puissants agents d’apprentissage en douceur.

Après la première journée, les impressions ont été contrastées. Les unes ont été épuisées, d’autre au contraire dynamisées et ont dû passer la soirée à s’activer.
Et ainsi s’écoule la semaine. Postures, voix, silence, rebonds, interprétations.
Les explications sur la posture de l’enseignant complètent l’ensemble pour finir, elles sont très utiles pour se sentir grandir et s’envisager dans la peau du professeur de yoga.
Le lien entre la pratique du yin et les fascias, via les ligaments et les tendons, est aussi abordé, et une séquence très éclairante de présentation des fascias par Alexandre Girodet vient enrichir encore l’enseignement. Nous découvrons que notre corps est un monde et nous l’ignorons. Pris dans nos fascias qui nous tiennent et communiquent en lui, notre corps est fascia.
Inévitable stress pour la séquence présentée lors de l’examen, mais l’ambiance très cosy du groupe et l’attention bienveillante de Fabienne nous ont offert les meilleures conditions pour valider la qualification.
Et cette dernière séance s’empreint de nostalgie, la parenthèse s’achève, il nous faudra revenir aux réalités quotidiennes, après ces journées de temps suspendu. Mais un lien s’est tissé, nous nous retrouverons. Et les effets de la formation se feront sentir plusieurs jours encore…
Il faut ajouter que le partage des documents, supports écrits, tableaux, diaporamas si utiles pour construire une séance sont une aide considérable pour faire de cette formation un enseignement complet par lequel on se sent à même d’aborder à son tour l’encadrement de véritables séances.
Nous pouvons être autonomes.

Je relève trois choses exceptionnelles dans l’approche du Yin Yoga ainsi proposée :
La façon de faire infuser le savoir, par la pratique, le partage, la détente et le dialogue.
Bien réelle, l’évaluation ne se présente pas comme une sanction couperet, c’est une évaluation formative, elle fait avancer vers la meilleure exploitation de nos potentialités.
Notre formatrice partage des supports d’enseignement éprouvés.
Ainsi, vous l’avez perçu, ces huit jours ont allié efficacité, intensité et plaisir. Ce n’est pas un enseignement que nous avons suivi, c’est une formation qui nous traverse et qui nous rend autre.





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